Pour Frédéric Lemeille, responsable du bureau AFIM Normandie, « La maintenance doit répondre au défi des compétences »
Âgé de 60 ans, Frédéric Lemeille a décidé l'an dernier d'ouvrir un nouveau bureau AFIM en Région Normandie qui verra le jour à la fin avril. Une bonne nouvelle pour l'association qui ne cesse de renforcer son implantation régionale. Une fois officiellement créé, le bureau va s'atteler à un défi de taille : les compétences des techniciens sur le terrain.
Frédéric Lemeille, qui êtes-vous et quelle est votre fonction au sein de Fouré Lagadec ?
Je suis titulaire d'un DUT en génie électrique, d'un Master en gestion et management stratégique des entreprises ainsi qu’une certification de mes compétences en maintenance par un diplôme d’ingénieur professionnel en maintenance. Durant toute ma carrière, j'ai effectué des fonctions de prestataire de services en maintenance. J'ai passé onze années dans l'industrie automobile (secteur à l'époque précurseur dans les métiers de la maintenance) en tant qu'automaticien de maintenance avant d’être chargé des méthodes de maintenance et de mettre en place une première GMAO ; nous avions en effet besoin d'améliorer notre TRS et pour cela, il fallait tracer nos interventions afin de les analyser et les faire progresser. J'ai ensuite été responsable des contrats de maintenance puis chargé d'affaires aussi bien en process continu que manufacturier. Puis j'ai effectué du conseil en maintenance pendant trois ans, dirigé une agence de maintenance à Rouen avant de diriger depuis neuf mois Fouré Lagadec à Rouen (le siège se trouvant quant à lui au Havre).
Quelles sont les activités de cette entreprise et à quelles problématiques de maintenance est-elle confrontée ?
Fouré Lagadec est une société de 1 250 salariés chargée d'accompagner ses clients dans la maintenance à valeur ajoutée, de réaliser des travaux neufs et des arrêts dans les domaines de la mécanique, tuyauterie, chaudronnerie. Avec la création d’une Agence régionale dont je m'occupe, implantée dans de nouveaux locaux à Cléon, près de Rouen, et rassemblant une centaine de salariés, le groupe a souhaité élargir son périmètre et s'étendre à la région rouennaise et l'Île-de-France. Très implantés dans les secteurs de la chimie et de la pétrochimie, nous comptons nous renforcer dans d'autres domaines d'activité tels que l'agroalimentaire, le secteur pharmaceutique, la cosmétique ou encore l'automobile en leur apportant nos compétences en maintenance opérationnelle et en ingénierie de maintenance.
Depuis quand connaissez-vous l'AFIM ?
Depuis toujours ! j'ai effectué de nombreux déplacements dans ma carrière et j'ai pu voir à quel point certaines régions étaient particulièrement dynamiques. À l'inverse, j'ai constaté que les métiers de la maintenance étaient peu – voire pas du tout – représentés en Normandie. J'ai donc à l'époque décidé de participer à la création du club Maintenance dans la région, avec un rôle et un fonctionnement un peu similaires à ceux d'un bureau AFIM. Après une forte période d'activité durant sept ans, ce club alors hébergé par la CCI a pris fin en 2016. Depuis, plus rien jusqu'à ce qu'un de mes collègues me suggère de me rapprocher de Gérard Piot et de l'AFIM afin d'en créer un bureau régional.
Où en êtes-vous dans la création du bureau Normandie ?
À l'heure où l'on parle [l'interview remonte à la mi-décembre], la création du bureau est en cours de finalisation. Quatre personnes ont pour le moment rejoint l'association mais l'objectif est de réunir deux grands donneurs d'ordres, deux prestataires de services et deux organismes de formation. J'espère ainsi officialiser le bureau lors du prochain Sepem de Rouen. Le jeudi 28 avril, je viendrai d'ailleurs brièvement présenter le bureau avant de faire intervenir deux sociétés régionales : Flexi France et SNEF.
En quoi le bureau normand de l'Afim peut-il aider les professionnels de la maintenance ? À travers quelles actions ?
Le bureau AFIM Normandie sera avant tout un lieu de partage d'informations et d'expérience ; nous rencontrons tous les mêmes problématiques et sur des sujets essentiels tels que la sécurité. Nous allons mener également des réflexions sur un autre problème émergeant dans les métiers de la maintenance : nous constatons que les contrats de maintenance sont de plus en plus conflictuels et que les professionnels du métier ressentent une pression accrue dans leurs tâches quotidiennes, ce qui impacte inévitablement le bien-être au travail et les résultats. Enfin, nous souhaitons travailler avec des apprentis et des écoles afin de mieux comprendre les jeunes, savoir comment les attirer vers nos métiers, mieux les manager et les encadrer.
Le recrutement est en effet une priorité pour vous il me semble...
Oui, tout à fait. Ce sera un des axes d'actions pour le bureau Normandie, au même titre qu'au sein du groupe Fouré Lagadec, d'ailleurs, où nous constatons que les compétences sont la problématique principale de nos clients. Nous assistons, comme pour l'ensemble de la profession au niveau national, à une pénurie de techniciens de maintenance de terrain et d’encadrement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons créé chez Fouré Lagadec une école de mécanique qui forme à elle-seule pas moins de vingt-mécaniciens chaque année. Nous envisageons également d'ouvrir une école de formation similaire pour les métiers de la métallurgie (tuyauterie / chaudronnerie).
Enfin, quels sont les objectifs de ce bureau pour 2022 et pour les années à venir ?
Une fois la création du bureau finalisée, la première action sera le Sepem et notre participation toute la matinée du jeudi 28 avril aux conférences organisées par le magazine Production Maintenance et l'AFIM. Ensuite, nous prévoyons d'organiser une journée ou une soirée d'échanges avec l'UIMM sur le thème de « Comprendre les attentes des jeunes d’aujourd’hui pour bien les encadrer ». Troisième champ d'action : attirer de nouveaux adhérents et, cela va de pair, faire connaître nos métiers à un nouveau public, plus jeune, en nous rapprochant notamment des centres de formation. Enfin, nous souhaitons davantage travailler sur la culture de maintenance ; celle-ci se perd de plus en plus or, à l'heure où l'on parle beaucoup de digitalisation et maintenance prévisionnelle, celle-ci doit être au cœur des nouvelles technologies pour intégrer davantage la maintenance dans le cycle de vie d'un équipement ou d'une machine.