Le marché des drones est en pleine effervescence. Selon une étude de Bpifrance, celui des drones à usage professionnel devrait atteindre cette année 6Md€ en France, après une croissance de 900% entre 2012 et 2017 ! Il faut dire que la maturité technologique et les retours d’expérience toujours plus nombreux convainquent un nombre croissant d’industriels à franchir le pas, en particulier pour des applications en maintenance.
Le drone est une technologie un peu particulière. Issue au départ des développements dans la défense, les drones ont connu une seconde jeunesse avec l’arrivée du Français Parrot – devenu mondialement célèbre depuis le lancement de son modèle AR au salon CES de Las Vegas en janvier 2010. Depuis, de nombreuses innovations ont vu le jour et ont mené cette technologie à l’âge de la maturité… Et c’est précisément ce verrou technologique que l’industrie attendait. En d’autres termes : disposer d’une technologie permettant de survoler à moindre coûts et à moindre risque des ouvrages, bâtiments ou autres installations – ou pénétrer dans des lieux inaccessibles – en peu de temps, récupérer des images nettes voire des précieuses données (niveau d’humidité, sources de chaleur, zones de vibration…), le tout enregistré dans un support numérique permettant de générer des rapports rapides d’inspection et alimenter une base d’informations utiles à la maintenance.
Multiplicité d’usages en maintenance : l’exemple d’EDF
Mais pour convaincre l’industrie, il faut deux choses : une technologie mature et des retours d’expérience. Et ça tombe bien car ceux-ci sont de plus en plus nombreux, en particulier dans l’inspection puisqu’il s’agit, à ce jour, de l’usage le plus mature et le plus répandu.
© DEKRA
Chez EDF par exemple, le premier atout du drone réside dans la sécurité des prestations avec une réduction des risques et la limitation de l’exposition des opérateurs dans des zones dangereuses. Pour énergéticien, les avantages résident aussi dans la capacité de diagnostic augmentée notamment pour la détection précoce des problèmes et la numérisation des données, immédiatement et faciles à traiter. En fonction des technologies embarquées, le drone offre également un moyen non intrusif d’inspection dans la qualité et la sûreté des ouvrages. Seule problématique rencontrée, une carte tellement complète qu’une vue des fissures est parfois trop exhaustive ; le mieux est parfois l’ennemi du bien. L’important est donc de bien paramétrer les usages du drone afin de repérer les problèmes ou les défaillances que l’on souhaite voir apparaître et traiter.
Un autre gain non négligeable, l’environnement ; un drone est moins bruyant et polluant qu’un ULM ou un hélicoptère, jadis utilisés pour lutter contre la prolifération d’herbiers en rivière venant colmater les conduits de refroidissement des centrales nucléaires. Enfin, la numérisation des données permet de cartographier et modéliser en 3D les zones suspectées d’effondrement par exemple.
Des applications croissantes qui se généralisent dans la maintenance
Airbus a par exemple lancé il y a deux ans un système reposant sur un drone aérien pour procéder à l’inspection de ses avions de lignes. Baptisée Airbus Advanced Inspection Drone, cette solution s’utilise directement sur site, dans les hangars et ne nécessite pas de compétences particulières. Le vol est préalablement programmé et va permettre de capturer des images en haute résolution des surfaces, y compris celles en hauteur, de l’aéronef. Le vol est automatique et un système de détection de collision lui permet de survoler en toute sécurité un A320 en à peine une demi-heure.
© AscTec Falcon 8 en pleine opération d’inspection de panneaux photovoltaïques
Dans l’éolien aussi, les drones sont de plus en plus utilisés. L’accès au niveau des pales rend l’usage d’un drone essentiel, au regard de la rapidité de mise en œuvre, d’inspection (autour de deux heures pour un mât et les pales), la réduction des risques pour les intervenants et des coûts. En outre, les images photos et vidéos instantanément disponibles donnent la possibilité d’envoyer à l’exploitant l’état de ses éoliennes. Quant au solaire, de plus en plus d’exploitants recourent à des drones munis de caméras thermiques infrarouges afin de localiser rapidement des défauts potentiels au sein de la cellule ou détecter des problèmes d’interconnexions électriques.
Autre exemple, la SNCF a également recours aux drones. Créée au milieu des années 2010, la flotte de drones aériens survole les quelque 30 000 kilomètres de réseau ferrés pour des missions d’inspection des lignes. Objectif ? Assurer la maintenance mais aussi la sûreté ferroviaire. Enfin, le groupe Institut de Soudure s’est lui aussi lancé dans l’inspection par drone. Ceux-ci lui ont permis de limiter l’utilisation des échafaudages et la sollicitation de cordistes en zones sensibles et de mieux anticiper les activités de maintenance. En outre, les drones ont permis de limiter les risques d’accidents sur les sites. Un argument de taille pour de nombreux industriels lorsqu’on sait que la maintenance est toujours autant concernée par les accidents…